« Il y a tant de choses fragiles, après tout. Les gens, tout comme les rêves et les coeurs, se brisent si facilement. »

Les rêves. Tout commence par là : un rêve. Celui d’un bébé qui grandit au milieu des gangs et des armées militaires; celui d’un jeune enfant qui se perd dans les rues de la capitale du monde magique, au milieu de la drogue, du sexe et du chrome; celui d’un adolescent qui perd son père dans un braquage qui tourne mal, ou qui tourne bien, personne n’arrive à vraiment comprendre ce qui s’est passé. Il rêve, le gamin, d’avoir la force de lutter contre tout ça. De protéger ceux qui doivent l’être, de soutenir ceux qui n’ont pas la vie suffisante dans les jambes pour tenir seuls, de mettre fin à ces conflits interminables qui sentent la poudre et la sueur, qu’on entend à des distances improbables, de jour comme de nuit. Depuis tout petit, il veut rejoindre le MCPD, pouvoir faire une différence. Il apprend tôt à tirer, observe les agents passer devant lui dans les rues avec des étoiles dans les yeux. La justice, le bien. Il est là, dans ce monde, pour ça. Il trime, toujours plus, lâchant les études dès qu’il en a la possibilité, dès que sa mère le laisse faire, pour se concentrer sur son objectif réel. Il se forme, il apprend, il se formate presque, jusqu’à atteindre son but.
Impossible de dire quand vient la première fêlure. Peut-être quand il a vu cette enfant mourir dans une fusillade opposant les Tiger Claws à ceux qui sont censés protéger cette population, pour qu’on lui dise ensuite qu’elle n’était qu’un dommage collatéral. Peut-être quand il a vu l’argent passer d’une main à l’autre, montant trop absurde pour sembler réel, avant que le suspect -coupable ?- soit relâché aussitôt, sans même une tape sur le poignet. Peut-être quand on l’a forcé à lâcher une piste sur une enquête parce qu’il dérangeait. Les instants s’enchaînent, se ressemblent de plus en plus, et cette justice qu’il admirait se roule dans la boue d’elle-même, paradant dans un uniforme qui n’est qu’un vague déguisement. Le dégoût, la rage, la tristesse, le tout se mélange et compresse son torse comme un étau, et il n’arrive plus à voir le bon au milieu de toute cette obscurité. Ceux qui sont justes, droits, véritables. Il est temps pour lui d’agir comme il l’entend, selon ses certitudes.

Les coeurs. Sa mère se remarie une poignée d’années après la perte de son ancien époux, cherchant tant le réconfort qu’une présence pour son jeune fils. Elle se presse, elle a l’impression d’être dans l’urgence, pour elle, pour lui. Elle se laisse aveugler par des mots et des gestes qui sonnent creux, mais qui plongent son esprit et son coeur dans un brouillard épais et poisseux. C’est insidieux, suffisamment pour que personne ne le remarque pendant de trop nombreuses lunes. Personne ne voit sa descente aux enfers, descente qui s’accélère brutalement quand le jeune homme déjà peu présent quitte le domicile familial. Les faux-semblants, les mensonges, le maquillage, tout est bon pour dissimuler au monde les vérités qui se déroulent derrière les portes fermées. Et un jour, c’est le mot, le geste de trop. C’est un appel à l’aide prononcé dans l’obscurité d’un placard, les mots tremblants échappant des lèvres fendues, la voix à peine un souffle enlacé par la peur.
Ce jour-là, la fracture est tellement nette qu’il a l’impression d’entendre son cœur se briser dans sa cage thoracique. Un « crac » sonore qui trouve écho dans les os et les cartilages brisés de l’homme qui pensait être intouchable. La furie de ses veines se reflète dans le sang qui macule le dallage de la cuisine, flaque écarlate qui s’étale sous un corps presque sans vie, qui finira abandonné dans les Badlands à la merci de qui voudra bien de lui. Personne ne reparle de cet instant, de ce moment où toute raison est passée par la fenêtre, parce que personne ne veut penser à ce qui a mené à ça. Presque, en tout cas. Le sujet n’est abordé que lors de ces longues séances qui aident peu à peu sa mère à se reconstruire.

Les gens. Il cherche, il fouille. Il s'immisce là où personne ne le veut, là où chacun cache les parts les plus sombres de lui-même, ou les secrets que personne ne veut voir révélés. Il pousse, sans cesse, sans relâche, sans repos parfois même. Il agace, il irrite. Les portes se verrouillent, alors il ouvre une fenêtre. Et si la lumière amène les gens à se fermer à lui, alors il travaillera dans l’obscurité. Tout ce qui compte, c’est que les choses soient faites, et bien. Peu importe le temps que ça prendra, les choses qu’il est amené à faire, les règles qu’il doit briser. Il s’entête, encore et encore. Et ça se sait. Ça se dit, ça s’entend. Et il faut que ça s’arrête.
La tôle de son véhicule noie le bruit que font ses os, mais il ne les entendrait pas de toute façon, pas avec la douleur qui prend possession de son corps comme une énorme vague qui s’écrase et annihile tout le reste, ne serait-ce que temporairement. Les souvenirs qu’il garde de tout ça sont vagues, sensations pures plus qu’événements réels et définis; les séquelles le sont beaucoup moins. Il essaye de comprendre, de trouver, depuis ce jour. C’est plus discret que ce qu’il fait habituellement, plus hésitant, mais aussi plus acharné. Parce que s’il y a bien une affaire qu’il n’abandonnera pas, c’est la sienne.

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Aaaaaah bah tu vois qu'il est super cool ce personnage. J'l'aime trop, il est original et tout.
Je te valide donc !   Amuse-toi bien parmi nous.

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