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 Andras & Lara

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Apprentices
Larissa Hardwood
Larissa Hardwood
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Andras et Lara
« Tu veux rester un peu ce soir ? » Lara fronce les sourcils pendant que la fille continue de parler. « C'est l'anniversaire de Jessie, on va juste boire un verre pour fêter ça. ».
Ce n'est pas le genre de proposition qu'elle a l'habitude d'entendre, et c'est encore moins le genre de proposition qu'elle a l'habitude d'accepter. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien en tirer, d'un verre pour un anniversaire ? Elle ne sait même pas qui est Jessie, et elle sait à peine qui est la fille qui lui parle. Elle voudrait ne même pas répondre, se retourner et faire semblant de s'occuper de quelque chose de plus important pour que plus personne ne lui prête attention. Elle voudrait disparaître sur le champ et ne pas avoir à subir tout le personnel du bar pendant toute une soirée. A quoi ça servirait de toutes façons, de rester avec eux ? On ne devient pas ami avec les gens avec qui on travaille, on fait juste semblant pour que tout se passe bien.
Après quelques instants à fixer en silence les yeux de son interlocutrice, Lara finit par répondre que c'est d'accord, elle restera un peu. Elle ne travaille pas ici depuis très longtemps, quelques semaines, quelques mois peut-être, mais pas assez pour qu'elle se considère comme ayant de l'ancienneté. Elle ne connaît personne, elle ne veut connaître personne, mais se couper complètement du groupe ne serait pas se faire une faveur. Elle a beau toujours préférer être seule et ne vouloir que rentrer chez elle, elle se forcera un peu ce soir, histoire de faire bonne figure, qu'on la voit participer à une soirée, et que ça lui serve d'excuse pour ne plus jamais rester aux autres. Je ne reste qu'une heure, même pas. Je bois mon verre en vitesse et puis je m'en vais.

L'heure défile, et Lara a de plus en plus envie de filer en douce, de partir dès l’extinction de la musique et de faire comme si de rien était la semaine prochaine en venant prendre son service. Elle balaye la salle du regard, comme si ça pouvait lui donner une solution miracle, la faire disparaître, arrêter le temps. Elle voudrait pouvoir se rendre invisible à l'aide de la magie mais, malgré ses compétences élevées en toutes les matières, elle est étrangement difficilement capable de faire une telle chose. En tous cas, elle n'a jamais vraiment réussi étant plus jeune, et maintenant le simple fait d'essayer la met sur les nerfs, ce qui l'empêche de se concentrer suffisamment pour réussir. Rien que de penser à ça, ça l'énerve un peu.  
Sa collègue – la fille dont elle ne connaît pas le nom mais qui lui a si sympathiquement demandé de rester après la fermeture – monte sur un fût de bière et se met à hurler à tue-tête : « On ferme dans quinze minutes ! Dernier verre !! ». Les sourcils de Lara se froncent. Mi-soulagée que le service soit sur le fin, mi-stressée à l'idée que l’événement pour l'anniversaire d'elle-ne-sait-qui se rapproche à grands pas, elle se place derrière son bar pour servir le dernier flot de clients avant la fermeture. C'est là que son regard croise celui d'un homme qu'elle croit connaître. Elle n'est même plus sûr de son nom. André ? Andréa ? Nan, c'est pas ça. Un truc comme ça. En tous cas elle l'a déjà vu à plusieurs reprises ici avec Darko, et ils ont déjà échangé quelques mots. En ce moment, il vient de plus en plus seul. Un client toujours agréable – enfin, non, parce que pour Lara aucun client n'est vraiment agréable, mais tout du moins est-il poli -, et qu'elle reconnaît. Elle réfléchit quelques instants. Elle ne le connaît peut-être pas bien, elle ne retrouve même pas son nom, mais elle le connaît déjà mieux que ses collègues. Peut-être que sa compagnie à lui serait moins insupportable que celle de la dizaine de filles aux voix trop aiguës et la poignée de garçons qui essaient de les séduire sans relâche que sont ses collègues du bar. Et puis, elle s'accroche à un bête espoir que Darko lui ait parlé d'elle, suffisamment pour lui dire qu'elle préférait ne pas parler, et qu'il ne lui parlerait donc pas trop. Sans plus hésiter, elle tend le bras vers cet homme pour lui faire signe de venir vers elle, et lance sa phrase avec appoint :

« Ca s'est bien passé ce soir ? Avec mes collègues on reste un peu après la fermeture, tu peux rester avec nous si tu veux. »

Elle est fière d'elle. Elle a utilisé, comme toujours, un ton désinvolte, comme si, en fait, elle ne faisait aucune proposition. Elle n'a pas posé de question, pour se donner l'impression qu'elle ne l'invite pas, mais qu'elle lui donne juste une information, et que c'est lui qui choisira de rester de son propre chef. Mais au fond, elle espère vraiment qu'il reste, qu'elle puisse se mettre dans un coin avec lui et une bière, avoir l'air sociable et sympa, ne rien dire et partir comme une voleuse à la première occasion – quand il irait aux toilettes, ou quand elle sortirait fumer une cigarette, ou peu importe.  




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Andras F. Barnham
Andras F. Barnham
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When night comes - lara & andras
« On ferme dans quinze minutes ! Dernier verre !! »

Ça fait un moment qu’il n’arrive plus à se concentrer sur les quelques feuilles étalées sur la table devant lui, et que son stylo est abandonné au milieu de tout ça, le bouchon oublié quelque part, plus loin. Le temps s'écoule avec une facilité effarante quand il travaille, et Andras ignore combien de minutes, combien d’heures ont passé depuis qu’il a franchi le seuil du bar; combien de verres il a vidés pendant que son cerveau était fixé sur autre chose que sur l’alcool qu’il était en train de consommer. Il peut vaguement estimer les deux, mais rien de très précis. Il n’est pas saoul, très loin de là, mais entre la fatigue du moment et ça, il a de plus en plus de mal à faire les connexions correctement. Un soupir passe ses lèvres et il s’étire comme il peut, toujours assis, avant de commencer à rassembler toute sa paperasse. Le bar se vide doucement, et il observe les quelques clients restant pour ce fameux dernier quart d'heure en rangeant ses affaires. Un dernier verre, bonne idée, tiens. Un dont il profitera vraiment, au lieu de le vider par automatisme. Et puis après ça, il ira manger quelque chose. Ça ne fera pas de mal.

Alors qu’il se lève, sac passé par dessus l'épaule, et se rapproche du bar pour chercher quelqu’un auprès de qui passer commande, son regard croise celui de la barmaid sur laquelle Darko lui a demandé de garder un œil, et celle-ci lui fait aussitôt signe de se rapprocher. Soit elle lit dans son esprit, soit elle a quelque chose à lui dire ou lui demander. S’il parierait sur la seconde option à cause de son geste, la première l’arrangerait quand même franchement. Et puis, ce ne serait pas particulièrement surprenant qu'elle ait deviné, il doit y avoir assez peu de raisons pour lesquelles il viendrait jusqu'à elle. Sans trop d’hésitation, puisque lui parler était de toute façon son objectif de base, il vient appuyer ses bras sur le bar, posant au passage son verre vide, un bref signe de tête accompagnant le geste pour indiquer à la demoiselle qu’il l’écoute.

« Ca s'est bien passé ce soir ? » Andras acquiesce faiblement, puis hausse légèrement une épaule. Ça ne s’est pas bien passé, mais pas mal non plus. Mais s’il en croit la vitesse à laquelle elle enchaîne, la question était davantage polie qu’intéressée. Bah. « Avec mes collègues on reste un peu après la fermeture, tu peux rester avec nous si tu veux. » Bon, alors ça, il ne l’attendait pas. De ce qu’il sait d’elle, elle est plutôt solitaire, et c’est justement pour ça que Darko passe du temps avec elle - et, par extension, lui a demandé de rester dans le coin aussi, même s'il ne comprend pas trop pourquoi. Que quelqu’un de ce genre décide de rester à une soirée de boulot après la fermeture le surprend déjà, qu’elle l’invite à faire de même le surprend davantage. « Souhaites-tu que je calcule les probabilités qu’il s’agisse d’un guet-apens ? » Le rire est léger et il tente de le dissimuler derrière sa main. Il ignore si Nyx est sérieuse, ou si son humour à lui commence à déteindre sur elle après des années ensemble. « Ça ira, Nyx, mais merci. Reste quand même attentive. » Elle sera bien plus réactive que lui en cas de besoin.

Comme à chaque fois qu’il parle directement à l’IA, son regard fixe un point vide, pour éviter que son interlocuteur fait de chair, d’os et de parfois autre chose n’ait l’impression qu’il s’adresse directement à lui. Alors quand il reprend le cours de sa conversation avec Lara, ses yeux se lèvent de nouveau vers elle, et le détective lui sourit doucement. « Désolé pour ça. Pourquoi pas, oui, merci. » Pour être honnête, il ne comprend pas vraiment pourquoi il accepte. Au ton qu’elle a employé, le fait qu’il reste ou non n’a pas vraiment d’importance, et il pourrait tout aussi bien décider de rentrer chez lui directement. Peut-être que c’est parce qu’il n’a pas particulièrement envie de rentrer directement, qu’il a dit oui, justement.
Poussant du bout des doigts son verre, son autre main vient se poser sur sa nuque, qu'il masse distraitement. « Est-ce que tu pourrais me resservir la même chose, s'il te plait ? » Du coup, il ignore si ce sera son dernier verre de la soirée ou non, mais il compte quand même en profiter comme si c'était le cas.
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Larissa Hardwood
Larissa Hardwood
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Andras et Lara
L'homme dissimule un rire derrière sa main, parle un peu tout seul. Elle l'a déjà vu faire, alors ça ne la surprend qu'à moitié. Elle ne sait pas à qui, ou quoi, il parle exactement. Une IA, ou une seconde personnalité ? Elle ne lui demandera pas. Chacun ses affaires et ses manies, il pourrait bien parler à ses chaussures qu'elle n'en aurait rien à faire. « Désolé pour ça. Pourquoi pas, oui, merci. ». Elle ne répond pas, se contente d'un haussement d'épaules. Il a l'air tout aussi détaché qu'elle – enfin, aussi détaché qu'elle essaie de faire croire qu'elle l'est – et ça l'arrange. Pas de malentendu, pas d'enthousiasme à sens unique. « Est-ce que tu pourrais me resservir la même chose, s'il te plaît ? ». Elle fait légèrement rouler ses yeux vers le ciel. Bien sûr, que je peux, c'est mon travail, mais pourquoi vous pensez toujours tous que je me souviens exactement de ce que vous avez commandé ? Évidemment, elle se souvient de ce qu'il a commandé. Elle se souvient en général toujours de ce que les gens prennent, mais elle n'aime pas qu'ils pensent tous qu'elle leur prête une attention assez grande pour retenir leurs commandes. Sans un mot, elle récupère le verre, le remplit, lui rend, lui fait signe qu'il peut partir avec. A l'heure qu'il est le patron n'est déjà plus là, et elle n'a pas envie de perdre son temps à le faire payer. Ça voudrait dire avoir à lui parler encore. Étrangement, maintenant qu'elle sait qu'il va sans doute rester avec elle ce soir, elle n'a plus du tout envie de lui parler. Peut-être que quelque part, elle espérait qu'il lui dise non. Trop tard. Il va falloir faire un effort.  

Le quart d'heure défile rapidement. Elle sert encore une poignée de gens, regarde sa collègue fermer la caisse. Lara, elle, est toujours préposée au ménage, surtout parce qu'elle est thaumaturge. Il est vrai qu'avec un coup de magie, les choses sont rapidement propres. Et cet arrangement lui convient : elle déteste les mathématiques, même si elle compte très bien, et plus elle peut éviter de compter la caisse à la fin du service, mieux elle se porte. De deux trois gestes distraits, elle fait briller le sol est les surfaces. D'un air désinvolte – même si pour le coup la télékinésie lui demande plus de concentration et d'énergie – elle range les bouteilles d'alcool et de jus dans leurs frigos respectifs. Enfin, elle se rapproche des multiples plantes, posées sur des étagères ou accrochées au mur, qui décorent le bar. Elle en décroche une, dont les fleurs rouges et flétries font peine à voir. Sa magie n'y fait rien, sans véritable soleil, elle mourra rapidement. Lara lui donne un peu d'énergie et la cale sous son bras. Elle l’emmènera à Alféa, sur le rebord de sa fenêtre, elle devrait reprendre un peu de joie de vivre.

Son verre à la main, un second dans l'autre, et sa plante sous le bras, elle se dirige vers l'homme qui est resté là à finir son dernier verre. Elle tire une des chaises qui se trouvent autour de la table en la faisant grincer sur le sol, et se laisse lourdement tomber dessus en posant son verre devant elle. Elle dépose le second verre devant le garçon, et, beaucoup plus délicatement, installe la plante sur une chaise à côté d'elle. Pour qu'elle ne risque pas d'être touchée par le monde, ni qu'on lui renverse de l'alcool dessus, mais surtout pour que la troisième et dernière chaise autour de la table soit occupée. Comme ça, personne ne viendra essayer de discuter avec elle.

« Tiens, je t'ai apporté ça. » Dit-elle en poussant un peut le verre d'alcool qu'elle a rapporté vers son compagnon. « J'ai mélangé un peu n'importe quoi mais en général c'est pas si mal ».

Se sentant complètement idiote d'avoir dit une chose pareille – elle aurait juste pu lui dire qu'elle lui avait servi un cocktail, ou bien ne rien dire du tout -, elle attrape son propre verre et en vide le quart d'une seule gorgée. Elle s'essuie la bouche avec le revers de la main, pousse un soupir, redresse son dos.

« Merci d'être resté... Andréa ? C'est ça ? » Elle fronce les sourcils, parce qu'elle sent que non, ce n'est pas ça. « Tu travaillais sur quoi, avec tous ces papiers et ces stylos ? »

Elle soupire encore, rajuste le piercing qu'elle a dans le nez, reprend une gorgée pour se donner une contenance. Elle estime avoir bien réussi à paraître – quoique sûrement froide – assez normale, et s'en félicite intérieurement. Ce n'est pas ce soir que le monde saura à quel point elle est timide et à quel point elle voudrait se cacher. Et si elle réussit à paraître normale, peut-être que cet homme n'essaiera pas de devenir ami avec elle. Elle en a eu assez avec Darko, des gens qui veulent la faire sortir de sa solitude. Un ami, c'est déjà amplement assez, et , paradoxalement, c'est en essayant de paraître normale et détachée qu'elle tente de ne pas s'en faire plus.




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Andras F. Barnham
Andras F. Barnham
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When night comes - lara & andras
« Bien sûr, que je peux, c'est mon travail, mais pourquoi vous pensez toujours tous que je me souviens exactement de ce que vous avez commandé ? » La question est légitime et il fronce doucement les sourcils, en tout cas jusqu’à ce qu’il la voit remplir son verre sans avoir besoin de lui demander ce qu’il a bien pu boire depuis qu’il est arrivé. Il est à deux doigts, à un rien, de lui dire que visiblement, il avait raison de penser qu’elle s’en souviendrait, mais quelque chose dans les traits de la jeune femme l’incite à garder le silence, à simplement la remercier d’un signe de tête quand elle le congédie sans un mot de plus, gardant ses drachmes pour lui, mais se faisant une note mentale pour son pourboire. Il pourrait largement la taquiner, mais il doute que ce serait bien reçu, et réussir à se faire virer du bar alors qu’elle vient de l’inviter à rester après l’ouverture serait une sorte de nouveau record qu’il n’a pas franchement envie de tenter tout de suite.

Alors Andras file se rasseoir, un dossier de nouveau étalé sur la table alors que les employés s’agitent pour la fermeture et que les derniers clients quittent l’endroit, à la recherche d’un nouveau lieu où s’échouer, de quelque chose qui prolongera leur soirée, ou simplement pour y mettre fin. Il ne lui faut que quelques minutes pour se replonger dans le travail, toute envie - et toute décision prise - de profiter de ce dernier verre correctement désormais jetées par la fenêtre, maintenant qu’il sait qu’il est là pour encore un moment. C’est seulement quand la chaise grince non loin de lui, et que le bruit d’un corps qui se laisse tomber se fait entendre, qu’il réalise que ses mâchoires lui font mal tant il a serré les dents, et que son verre est encore à moitié plein. Il cligne brièvement des yeux, quelques picotements dans le gauche lui indiquant qu’il ne l’a clairement pas assez fait sur la dernière dizaine de minutes, puis passe une main sur son visage. Le voilà qui recommence à ranger ses affaires, la tâche un peu plus simple cette fois-ci avec un unique dossier sorti, alors qu’il laisse son regard traîner autour de la table. La plante l’intrigue tout autant qu’elle intrigue Nyx, et même dans le court silence de cet instant, il sait qu’ils sont deux à faire le cheminement pour comprendre la raison de cette chaise laissée à ce nouveau compagnon capable de photosynthèse. C’est une sorte de concours, une petite compétition pour savoir qui arrivera à la bonne conclusion avant l’autre. A cette heure, dans ces conditions, le détective n’a aucune chance et il le sait, mais ça ne l'empêche pas d’essayer, même si sa défaite ne le surprend pas une seconde.

« Tiens, je t'ai apporté ça. » « Merci. » Andras tire vers lui le verre qu’elle lui tend, vidant celui qui l’attendait encore tandis qu’elle reprend la parole. « J'ai mélangé un peu n'importe quoi mais en général c'est pas si mal. » Les mélanges, c’est un coup à se retourner la tête rapidement sans vraiment comprendre ce qui est arrivé, et il hésite un moment à le refuser, avant de resserrer ses doigts autour pour faire tournoyer le liquide, une once de curiosité dans le regard. Clairement, la barmaid n’a pas la moindre hésitation, elle, puisqu’elle attaque d’une traite avant de se redresser un peu.

« Merci d'être resté... Andréa ? C'est ça ? » « Andras. » C’est du tac au tac, neutre, comme un réflexe qu’il ne peut pas retenir. Sans vraiment dire qu’ils se fréquentent, les deux se voient suffisamment ces derniers temps pour qu’il prenne la peine de la corriger. La simple idée qu’elle l’appelle Andréa à chaque fois qu’elle tente de l’appeler par son nom le dérange, même s’il doute qu’elle le fasse souvent. C’est sûrement la première fois, ce soir, et quelque chose lui dit que ça ne se reproduira pas de si tôt. « Tu travaillais sur quoi, avec tous ces papiers et ces stylos ? » Il y a un instant de calme durant lequel il observe Lara sans rien dire, durant lequel tant de choses lui passent par la tête. Il se demande s’il peut en parler, même vaguement, sans que ce soit trop risqué pour son affaire. Si une fuite éventuelle dans le cas où elle parlerait serait dangereuse ou non. Si lui dire la vérité aurait un quelconque intérêt. Si lui mentir lui apporterait quelque chose. Mais surtout, il se demande pourquoi elle lui pose la question, elle qui semble toujours si encline à prendre ses distances avec tout le monde. Si Darko insiste pour la forcer à se sociabiliser, s’il lui a demandé de veiller sur elle, c’est bien parce qu’elle est censée ne vouloir se mêler à personne. Mais là, ce soir, elle le surprend, une phrase après l’autre, et il n’est plus très sûr de savoir comment aborder la chose. « Une affaire de vol de données, avec possibilité d’usurpation d’identité. » Ses doigts pianotent sur la table alors qu’il tente le cocktail maison. Avec l’information selon laquelle elle a mélangé sans se poser de questions, il ne s’attendait pas à grand-chose au niveau du goût, mais le voilà quand même surpris, assez pour se laisser un instant pour s’y habituer. Pas si mal, effectivement, plein de nuances en tout cas. « Beaucoup d’informations à recouper, ça m’aide d’avoir tout ça écrit sous les yeux. » Un nouveau soupir lui échappe, mais pas davantage de mots sur la question. Il lâche ça comme si elle savait ce qu’il fait dans la vie, comme si elle s’intéressait vraiment à la chose, mais dans le fond, c’est plus pour en parler à voix haute, qu’il lui dit. Pour voir si les choses se démêlent dans sa tête. Peu probable, là, tout de suite. En revanche, maintenant qu’ils sont moins nombreux et que ceux encore présents s’attèlent à leurs nouvelles tâches, que de nouveaux mots lui parviennent dans le bâtiment autrement silencieux, autre chose s’éclaircit dans son esprit, d'autres connexions se font, et ça, il ne peut s’empêcher de l’aborder.

Andras se penche un peu vers elle, dans ce qui ressemble à un geste fait lors d’une confidence, son regard temporairement fixé sur les collègues de la demoiselle qui s’agitent dans le fond, Nyx scannant le moindre élément à sa disposition. « Tu sais que tu risques de devoir échanger quelques mots quand même, pas vrai ? Au moins avec la personne dont c’est l’anniversaire, histoire d’être polie. » Le sourire qui se dessine sur ses lèvres n'a rien de moqueur, bien au contraire, et il reste dans cette même position, histoire de laisser comprendre aux autres que maintenant n'est pas un bon moment pour se joindre à eux s'ils ne veulent pas donner l'impression de se mêler de ce qui ne les regarde pas.
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Andras & Lara
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